Le premier chatbot a été créé en 1966 aux États-Unis. Eliza simulait un psychothérapeute : il posait des questions à un patient, les reformulait, et les énonçait ensuite. La base de données se limitait donc aux mots clés repérés dans la conversation. En 2010, les choses ont commencé à progresser, avec l’apparition de Siri, d’Alexa, ou de Cortana. Ils sont devenus des assistants potentiels capables de répondre à des besoins ponctuels. Une sorte de conciergerie… Aujourd’hui, l’intelligence artificielle veut aller plus loin et pourrait évoluer de façon beaucoup plus intuitive. Elle rêve de nous offrir un vrai conseiller virtuel, qui comprendrait les messages écrits ou vocaux de l’être humain, et serait apte à les commenter sous forme de conversation.
Le 7 février, la présentation du projet de Microsoft, avec OpenAI, et son déploiement précipité dans Bing, a mis le feu aux poudres. Le marché est prometteur et tout le monde attend maintenant avec impatience de savoir quelles innovations vont proposer les concurrents de ChatGPT.
Les concurrents de ChatGPT, un engouement attendu
Qui aurait pu le prédire ? Une semaine après sa sortie, fin novembre 2022, ChatGPT avait déjà plus d’un million d’utilisateurs. En effet, l’outil impressionne par la fluidité et la syntaxe de ses textes. Ses fonctions sont variées : il peut corriger des erreurs de code informatique, calculer, rédiger des dissertations ou de la poésie, ou composer de la musique. Tout ceci dans plusieurs langues. Une aubaine pour les étudiants en mal d’inspiration, et une inquiétude dans l’univers des rédacteurs web.
Microsoft annonce que ce n’est qu’un début. On nous prédit la sortie imminente de GPT4, qui sera multimodal : il comprendra le langage naturel, les images, et les sons, dans toutes les langues. En revanche, à l’instar de la version qui a été mise gratuitement à disposition du grand public, on ne sait pas si celle-ci sera payante. On peut aisément saisir l’envie qu’un tel outil peut susciter chez les autres développeurs, et leur crainte face aux énormes enjeux économiques qui y sont liés. Dans ce monde de l’intelligence artificielle, deux géants du web dévoilent leurs avancées : l’américain Google, et le chinois Baidu.
Bard, la réponse avancée par Google
Bard, nom de baptême du robot à venir, fait référence aux bardes, ces conteurs et poètes de la culture gaélique. Il repose sur un modèle de langage appelé LaMDA. C’est un système de neurones artificiels qui existe depuis 2017 et s’améliore au fil du temps. Il est conçu pour fournir des réponses rapides et précises aux requêtes des internautes, en utilisant des algorithmes de traitement du langage naturel. La dernière évolution, encore en phase de test, permettra de produire des répliques factuelles et objectives, en temps réel, en se basant sur des sources d’information en ligne (pages web, articles de presse, vidéos…). L’utilisateur pourra interagir, en ayant recours à des commandes vocales, ou en saisissant des questions dans une interface de chat.
En clair, il suffira de demander : « qu’est-ce qu’un rédacteur web ? » Et nous accèderons à un résumé concis. Les recherches personnelles seront, par conséquent, liées au désir de l’internaute d’aller plus loin, ou d’en rester à la synthèse… Il sera aussi capable de s’adapter aux préférences, grâce à l’apprentissage automatique (il se nourrit de nos requêtes pour affiner ses conclusions) : aujourd’hui nous avons des publicités ciblées. Demain, si nous posons des questions récurrentes, le chatbot remontera les réponses en haut de la liste des résultats. Il pourra également donner des idées de menus en tenant compte des restes qui sont dans le réfrigérateur. Bard sera donc plutôt un outil de recherche, il sera complémentaire à ChatGPT qui génère du texte.
Ernie, le projet chinois de Baidu
Le géant de la technologie a présenté l’évolution de son robot nommé Ernie (Enhanced Representation through Knowledge Integration = représentation améliorée par l’intégration des connaissances).
Peu d’éléments ont été dévoilés, mais les chercheurs qui en sont à l’origine affirment qu’il est le plus performant. Aujourd’hui, les chatbots de ce pays se concentrent surtout sur l’interaction sociale. Avec Ernie, Baidu a clairement l’objectif de devenir le plus important concurrent de ChatGPT. Il veut se donner le potentiel de révolutionner de nombreux domaines : de la traduction automatique à la reconnaissance de la parole, il sera aussi intégré à l’assistant vocal des voitures autonomes.
La différence principale est qu’il utilise des techniques avancées de traitement du langage naturel. En effet, sur une base plus large que chatGPT, il exploite des références externes (encyclopédies, dictionnaires…) en vue de tenter d’améliorer sa fiabilité. Le modèle a été formé sur une très vaste quantité de données, de langues, et de connaissances. Il devrait donc mieux s’approprier le contexte, et générer des textes en utilisant différents registres de style ou de culture. Aujourd’hui, cet outil reste très adapté à la Chine, à sa façon de vivre, et à son régime de censure (les internautes chinois n’ont plus accès à ChatGPT depuis l’annonce des dernières avancées d’Open AI). Les contenus seront certainement filtrés, et le chatbot n’aura peut-être pas toute la liberté d’expression que nous promettent les deux autres…
Les concurrents de ChatGPT, que faut-il retenir ?
L’intelligence artificielle est un domaine de la technologie qui vise à créer des machines aptes à simuler l’intelligence humaine. On parle bien de simulation, et non de remplacement. Est-ce donc juste un effet d’annonce ? Pour l’instant, le grand changement est de rendre l’IA accessible via une connexion internet ordinaire. Les mois ou les années à venir verront avec certitude une évolution majeure dans la manière de rechercher l’information, mais celle-ci restera toujours alimentée par l’humain. En matière de conversation et de réponse à la rédaction, parmi les trois concurrents cités, lequel serait en mesure de créer un robot qui serait garant d’une vérité absolue ? Et adapté au contexte dans lequel il évolue ?
On peut donc penser que ces trois mastodontes du système ne vont pas révolutionner notre monde, mais plutôt perfectionner le dispositif et améliorer son côté intuitif. L’IA restera intéressante en tant qu’outil complémentaire, mais elle gardera ses limites.
Article rédigé par Christine Labbé dans le cadre de sa formation en rédaction web.